Historiquement irréductible autant au sein du neuvième art que sur le grand et petit écran, le village d’Astérix le Gaulois l’est également au milieu du paysage vidéoludique. Le personnage imaginé par Uderzo et Goscinny a connu la sortie d’une BD fin octobre 2025, une aventure inédite rendue disponible… sept jours avant la sortie d’un nouveau jeu, intitulé Astérix & Obélix : Mission Babylone.
Oui, le calendrier — et certainement pas le hasard — fait très bien les choses. Toutefois, surfer sur la hype ne suffit pas pour ressortir enchanté d’un jeu basé sur les péripéties de nos valeureux guerriers. Astérix & Obélix : Baffez-les Tous ! 2 existe pour nous le rappeler. D’ailleurs, Balio Studio, déjà derrière pas mal d’adaptations Microids comme Totally Spies! Cyber Mission ou Les Schtroumpfs: Village Party, amène le duo de gaulois à prendre une autre direction pour cet épisode.
Exit la formule plus ou moins liée à la série XXL, ou encore le tournant « Streets of Rage-like » entrepris avec la déclinaison Baffez-les tous !. Cette fois, l’action-plateforme 2D est à l’honneur. Deux mois après un sympathique Space Adventure Cobra – The Awakening, plus ou moins dans la même veine, ce projet fait-il du bien à la branche vidéoludique d’une licence ô combien culte ?
Conditions de test : Nous avons joué à Astérix & Obélix : Mission Babylone durant 8h sur PS5 classique, en version 1.001.000 et en mode Normal. Ce temps nous a permis de terminer l’aventure à 100%. L’exemplaire du titre utilisé pour réaliser ce test est issu du commerce.
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Depuis moult décennies, Astérix et Obélix n’ont jamais eu peur de quitter leur Gaule adorée pour aller adresser des baffes tout autour du globe. Et au cours d’une chasse au sanglier, les deux amis vont justement de nouveau répondre à l’appel de l’aventure. Plus précisément, une rencontre fortuite dans la forêt avec Alhumni, un druide parthe, va tout déclencher. Inquiet pour son roi Monipehni, lâchement empoisonné, Alhumni sollicite le duo afin de l’aider à rassembler les ingrédients nécessaires à la confection d’un remède.
Après quelques préparatifs pour ce long voyage et notamment le passage obligatoire auprès de Panoramix, Astérix et Obélix se retrouvent donc en pleine Parthie, où s’élève la resplendissante Babylone. Ici, à travers quatre grandes régions découpées en une vingtaine de niveaux, nos héros vont partir à la chasse des ingrédients rares et tant désirés pour sauver le roi.
Au cas où cela ne suffirait pas à les motiver, il se trouve que l’armée de Jules César pullule ici aussi et menace évidemment les terres de Monipehni. Être à nouveau au contact avec le fer des cuirasses romaines, propulser les légionnaires sur Mars tout en entendant leur délicieux cri s’éloigner à mesure de tutoyer les nuages, Obélix s’en frotterait les mains. Et il y a de quoi, car des Romains, nous allons effectivement en croiser un paquet.
La baston, sport national gaulois, se trouve logiquement au cœur du gameplay de cet Astérix & Obélix : Mission Babylone, et en toute simplicité. Un bouton pour distribuer des baffes classiques, un autre pour charger un coup et envoyer voler son adversaire, n’importe qui peut prendre la manette et régler son compte illico à la plupart des ennemis. Tant et si bien que les combats deviennent, hélas et brutalement, des plus ennuyeux.
Pas vraiment de possibilité de réaliser des combos, ni de jongler avec un adversaire, pas plus que d’offrir une quelconque mécanique de prise et projection, c’est presque navré que l’on doit dire que la castagne n’est étrangement pas ce qu’il y a de plus excitant ici. Certes, il en ressort des affrontements fluides et la satisfaction de se débarrasser rapidement d’un Romain, mais passé les premiers niveaux, on n’y fait déjà plus tout à fait attention.
Ils sont souples, ces Gaulois

On a beau compter sur des légionnaires plus imposants, équipés de boucliers, cachés dans divers éléments de décor, ou sur quelques espèces animales, l’intérêt peine à se renouveler de ce côté. Des sensations qui rendent les salles de bagarres obligatoires longuettes, lesquelles font quasiment office de remplissage. Les boss tentent bien de trancher cette monotonie, mais même les bonnes idées de certains combats, comme celui du jardinier, sont exécutées de manière poussive.
Alors, on pourrait déjà marquer une pause et se dire : « Misère, mais si se battre dans un jeu Astérix n’est pas ce qu’il y a de plus réussi, où va-t-on ? ». Eh bien oui, il y aurait de quoi craindre le pire. Heureusement, Balio Studios nous propose un level design conçu pour imposer à notre duo de gaulois moult galipettes, évitements de pièges et autres petites énigmes à réaliser.
Astérix, tout comme Obélix, est en mesure de sauter, se balancer à des cordes, exécuter des sauts muraux, ou encore glisser à la tyrolienne. Les sols, parois et plafonds sont régulièrement truffés de pointes, quand ce n’est pas un Romain qui nous envoie des tonneaux plusieurs mètres plus loin ou un crocodile qui tente de nous chatouiller les pieds, bien à l’aise dans son bassin.
Ces séquences de plateforme sont indéniablement celles qui apportent du piquant à notre traversée des différents niveaux du jeu. Pourtant, tout n’est pas parfait ici non plus. Les sauts muraux, par exemple, sont particulièrement rigides en plus de se déclencher fréquemment à notre insu au sein des petits espaces, tandis que bondir après le balancement à une corde s’avère bien souvent incertain, la faute à une perception de l’élan plutôt aléatoire.
D’un autre côté, quelques mécaniques vues à de multiples reprises sont heureusement facilitées, comme le saut depuis une poutre horizontale qui obéit au doigt et à l’œil. De plus, à part quelques placements d’ennemis qui ont de quoi nous faire criser au beau milieu d’une séquence de plateforme, on bute rarement sur une zone en particulier. Mais voilà, il faut s’attendre à ressentir des balbutiements dans l’exécution.
Les baffes à deux, c’est mieux ?

Tout ce que l’on vient de vous dire concerne les niveaux que nous appellerons « traditionnels », car il existe quelques exceptions où la sauce est un peu différente. À deux ou trois reprises, nous sommes projetés à l’intérieur d’un stage dans lequel Obélix traînera une charrette avec Astérix à son bord. Obé’ avance tout seul, on ne gère que les sauts ainsi que les projectiles jetables par son ami blondinet. Ces cailloux éliminent les Romains et déclenchent les mécanismes permettant d’éviter les accidents ou de prendre les chemins alternatifs.
Un peu de la même manière, des niveaux à scrolling automatiques nous invitent à fuir un danger tout en faisant le ménage devant nous, comme dans ce niveau où un tonneau géant nous colle aux fesses. Aux côtés d’autres niveaux spéciaux où il faut s’éclairer dans la pénombre ou bien lutter avec les conditions climatiques, ce genre de phases est bienvenu, histoire d’apporter un peu de variété à l’ensemble.
Destiné à rajouter davantage de fraîcheur à cette recette, l’opportunité de réaliser l’aventure entièrement en coopération constitue un autre point clé à évoquer. Sélectionnable uniquement au moment de lancer une partie (et donc nous regretterons qu’il n’y ait pas ce côté plug and play), le jeu en coopération local se présente sur le papier comme la meilleure manière de profiter de l’expérience, assurément conçue pour être vécue ainsi.
Les énigmes le démontrent clairement en exploitant les caractéristiques spécifiques des deux héros. Astérix est petit, ce qui lui permet de se faufiler dans des passages étriqués, tandis qu’Obélix est en mesure de pousser des gros blocs ou peut détruire certains sols avec une charge vers le bas. Si l’on peut, en solo, switcher d’un personnage à l’autre pour mener à bien ces petites énigmes, on sent bien qu’une synergie simultanée rend plus fluide et agréable leur résolution. Idem lors des phases de combat obligatoires, durant lesquelles chacun peut s’occuper d’un coin de la salle, plutôt que de faire des allers-retours un brin ennuyeux.
Maintenant, on émet bien plus de réserve sur les phases de plateforme. Dès qu’un personnage passe hors champ, un compte à rebours se lance pour rejoindre l’autre. De plus, les timings sont parfois serrés pour certaines actions. Le meilleur exemple reste les plateformes fragiles. Si les deux joueurs ne sont pas en synchronisation, celui qui arrive en deuxième risque de tomber dans le vide. Le souci, c’est que l’action ne permet pas toujours de se caler, obligeant donc à s’y prendre à plusieurs fois.
Non Obélix, ça ne se mange pas

La progression d’Astérix & Obélix : Mission Babylone ne s’articule pas uniquement via la traversée pure et simple des niveaux. Et, curieusement, elle ne repose pas non plus en totalité sur la récupération des ingrédients pour l’antidote d’Alhumni, généralement offerts au terme du dernier niveau d’une région. En effet, il est essentiel de récupérer un minimum de pièces à l’effigie de César, plus ou moins cachées, pour s’offrir le déblocage de la prochaine région.
Un système pas vraiment inédit dans le genre action-plateforme 2D, mais sans doute légèrement contraignant pour qui ne saute pas sur le moindre collectible. Rassurez-vous, les montants demandés ne sont pas pharaoniques, car à raison de trois pièces par stage, la marge est grande. Mais il faut noter que traverser l’aventure en ligne droite ne suffit donc pas à en voir la fin.
À côté de ces pièces, d’autres babioles à ramasser tentent de renforcer la rejouabilité, laquelle représente un objectif à remplir pour l’équipe de développement face à une durée de vie un peu juste, située entre cinq-six heures. Des morceaux de tablette cunéiforme, souvent mieux cachés que les pièces, viendront constituer une fresque une fois tous rassemblés. Et puis, évidemment, des milliers de casques romains sont dispersés à travers les niveaux en remplissant le rôle de « patounes ». Les récupérer offre quelques costumes supplémentaires pour nos deux héros. Bref, du classique.
Enfin, le contre-la-montre vient à son tour rajouter facilement une heure ou deux au total. Rien de particulier à signaler, à part que les temps demandés sont globalement généreux. Tout du moins, sur le principe. Car malheureusement, c’est dans ce mode que l’on prend la mesure des limites de jouer en solo. Vu que l’on a besoin d’avancer vite et bien, il est impératif de pouvoir compter sur une « IA » coopérative. Sauf qu’il y a trop de moments, notamment lors des puzzles, où le personnage joué par l’ordinateur ne nous facilite pas le travail.
On ne compte plus vraiment le nombre de fois où l’IA reste statique au lieu de se positionner à l’endroit voulu pendant que l’on déclenche un mécanisme, ou bien qu’elle peine à réaliser les sauts ou les manœuvres en traînant 20 mètres derrière. Que nous ayons besoin d’utiliser une touche pour passer de l’un à l’autre afin de concrétiser des actions clés, d’accord. Mais qu’il faille pallier soi-même les errances de son partenaire automatisé, c’est plutôt désagréable.
Un constat alourdi par quelques problèmes techniques. Bien qu’il n’y ait que le lancement des niveaux qui souffrent de ralentissements, nous avons rencontré d’autres soucis davantage pénalisants, comme des personnages tout simplement bloqués, ou bien deux-trois retours curieux à un précédent checkpoint alors que le personnage actif n’est pourtant pas KO.
Une aventure express mais convenable

Alors certes, et pour en revenir au solo, le jeu prévoit souvent de faire téléporter l’IA près de nous en cas d’éloignement, causant d’ailleurs dans certains niveaux des rires tant elle ne touche quasiment jamais terre à force de tomber dans le vide ou d’être prise en étau dans des pièges mortels.
Hélas ce n’est pas toujours le cas pour quelques puzzles ou séquences de galipettes, ce qui nous fait perdre de manière extrêmement frustrante de précieuses secondes dans notre course contre-la-montre. Un vécu qui permet de plaider encore davantage en faveur du jeu à deux, même si, on l’a déjà dit, des imperfections subsistent.
Et, malgré tout, en tant que potentiel fan de la licence, il serait dommage de passer à côté d’un titre qui s’en sort plutôt bien du point de vue de l’adaptation. Jean-Claude Donda et Guillaume Briat, à l’image de ce qu’ils font depuis quelques années déjà, livrent à Astérix et Obélix la personnalité qui les caractérise.
Du côté de l’humour, quelques petites vannes ici et là arrivent à décrocher un sourire, comme ce Romain nommé Lastofus, mais cet aspect demeure quand même un poil discret, lorsqu’il ne tombe pas à plat. L’immersion n’est donc pas au niveau d’un Baffez-les Tous !, mais nous avons au moins le plaisir de bénéficier de pas mal de lignes de dialogue doublées réussies, exception faite aux répliques très vite redondantes des ennemis (et le grand Martial le Minoux joue encore plein de personnages à lui tout seul).
Même le dépaysement fonctionne avec des environnements plutôt bien réalisés, malgré une poignée de rendus grossiers, accompagnés d’une musique elle aussi dans les clous de ce que l’on peut attendre d’une aventure se déroulant au Moyen-Orient. Si l’on devait chipoter, le sound design parait parfois un peu chiche. Tenez, d’ailleurs, petit détail, mais on a reconnu que les cris des Romains étaient déjà ceux de Astérix & Obélix XXL. Clin d’œil, recyclage, ou les deux, les nostalgiques apprécieront quoi qu’il en soit.
En revanche, un oubli assez incompréhensible nous sort un peu de la mythologie d’Astérix. Rien ne concerne, de près ou de loin, la potion magique. Dans la plupart des jeux de notre cher Gaulois, elle apporte sa pierre à l’édifice du gameplay. Quiconque a joué aux premiers titres de la série XXL se rappelle du sentiment de puissance qui en découle. Il faut bien dire que son utilisation est toute trouvée dans un jeu vidéo. Mais là, rien du tout, et c’est quand même sacrément dommage.
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