Rad Rodgers est enfin dans les bacs avec un premier épisode qui rappellera les jeux à la Metal Slug des années 90. Le jeu initialement financé par kickstarter, n’invente pas la roue et reprend beaucoup de recettes avec brio dans cette mouture PS4 (également disponible sur PC et Xbox One). L’aspect enfantin et coloré de l’univers pourrait se révéler trompeur : le jeu est définitivement adressé à un public d’esprit mature friand du contraste qui se produit entre le fond et la forme de la production de Slipgate Studios (racheté par THQ Nordic). Peu de jeux osent revêtir le semblant de couleurs d’un Conker’s Bad Fur Day (Nintendo 64) tout en restant ludique tout le long de l’aventure, ce que Rad Rodgers vêtit sans mal et assume totalement son humour douteux dans un univers plus que déjanté.
Le jeu vidéo rend violent ! Bouh !
Lors d’une nuit en plein sommeil, Rad est réveillé par la télé reliée à sa console de jeux, toutes deux allumées sans raison. Le jeune garçon se fait aspirer par sa télé et téléporté dans un univers qui pourrait être son pire cauchemar mais c’est tout le contraire. Sans réelle explication, il fait désormais partie intégrante de son jeu vidéo, prêt à résoudre la situation épaulé par sa fidèle console devenue vivante : Dusty. Le gameplay arbore de faux airs de Banjo & Kazooie : Dusty logeant dans le sac à dos de Rad viendra l’épauler quand il s’agira de gravir les obstacles ou aplatir les ennemis quant à Rad se verra aux commandes de l’offensive à distance (modifiable) avec des gros calibres et les déplacements dans les niveaux hauts en couleurs remémorant les “side-scrollers” des joyeuses années 90.
Le monde est non seulement amusant et diversifié, mais également esthétiquement réussi
La maniabilité est quasiment parfaite, il est facile de prendre en main le personnage : comprendre la physique attribuée à ses déplacements et sauts est intuitive. Il est difficile de se tromper lors d’un saut d’une plateforme à une autre, en tout cas il est de mauvaise foi d’accuser le jeu pour un saut raté. L’humour est omniprésent, à bien des reprises on esquisse un sourire aux interventions des deux compères le long de la route. Durant l’exploration, les “Pixelverse” (sorte d’entrées à un monde parallèle pixelisé) croisent la route du jeune garçon demandant à Dusty de prendre la main pour partir à la recherche d’objets cachés dans cet univers décousu pour permettre à Rad de continuer son chemin. Le souci c’est que ça ne représente pas de vrai défi lorsque l’on se retrouve à diriger Dusty, durant la progression, ces niveaux deviennent un peu plus difficiles par paliers.
Le côté Metal Slug semble tout à fait assumé, reprenant trait pour trait la gestion des tirs : simple et efficace
Le sentiment d’un jeu en demi-teinte se retrouve également aux commandes de Rad, malgré un arsenal modifiable par des bonus sous forme de consommables, la sensation de montée en puissance ne se produit pas ni ne parvient à hisser le personnage au rang de héros. Les ennemis ne sont pas difficiles à vaincre sans réelle stratégie ce qui implique une progression assez facile. Rad Rodgers donne l’impression de vouloir se positionner en tant que jeu mature mais également pour remplir le cahier des charges du casual gamer. En effet, les niveaux ne sont ni trop longs ni trop courts, on ne sait pas trop sur quel pied danser car la longueur des niveaux ne retient pas assez longtemps le joueur pour de longues sessions mais paradoxalement ces mêmes sessions sont trop longues pour du casual gaming. La progression est basée sur la recherche de “collectables” : il faudra d’ailleurs trouver les quatre morceaux d’un emblème de sortie pour pouvoir passer au niveau suivant, tout en ramassant ce qui traîne dans le niveau (gemmes, santé, munitions, etc.). Bien souvent, on a l’impression d’avoir fait le tour du niveau à trois-quart du chemin, pouvoir enfin en sortir relève plus du soulagement que de la satisfaction malgré un game design diversifié.
Le passé moderne
Rad Rodgers arrive à conserver son atmosphère rétro tout en conservant sa touche moderne dans ses visuels et son écriture. Les mondes pixelisés d’antan et la 3D d’aujourd’hui sont astucieusement liés non seulement par les mondes “Pixelverse” mais également par la maniabilité old school très bien calibrée et un level design qu’on ne retrouve que trop peu désormais avec la flopée de mondes ouverts actuels. Son style à la “Giana Sisters : Twisted Dreams” dépasse ce dernier en tout point, le monde fourmille de petits détails et de vie, l’univers cartoon a été soigneusement préparé pour nos pupilles : le résultat est plus que satisfaisant. On pourrait presque se permettre de hisser la production à un jeu en images de synthèse cartoon ce qui rentre parfaitement dans l’intention graphique du jeu.
Rad Rodgers : World One est court mais solide comme jeu de plateformes
Le sound design est un vrai délice et nous re-transporte tout droit dans les années 90, c’est décidément l’un des aspects les plus réussis. Les voix sont bien dans le ton du jeu, sans être excessivement rébarbatives, les pointes d’humour ne se font pas toujours au bon moment comme s’il n’y avait pas vraiment de lien entre un commentaire et la situation donnée mais ce n’est qu’un détail qui n’enlève en rien le plaisir de parcourir les niveaux. La bande son Rock’n’Roll trouve bien sa place dans l’aventure, pour un joue qui joue la carte de l’ironie emmenant les années 90 sur le devant de la scène c’est un choix judicieux qui nous transporte dans cet univers complètement loufoque.
Le jeu s’adresse plus aux nostalgiques des bons jeux de plateformes à l’époque de la SNES
Le level design souffre quand même de quelques petites faiblesses : des passages plus dangereux que d’autres arrivent à se fondre dans le décor qui banalise le degré de difficulté. Rien ne prépare vraiment au danger imminent, surpris par la difficulté corsée de certaines zones pourra en agacer plus d’un à voir la jauge de vie descendre bêtement à la découverte d’un obstacle plus corsé qu’il n’y paraît. Fort heureusement, la difficulté sur l’ensemble d’un niveau est bien dosée pour rendre cet écueil supportable et pouvoir contourner d’une certaine manière le danger rassurera les plus malins qui chercheront les petites failles du gameplay. Dommage que le maigre bestiaire du jeu soit un point noir de cet opus qui ne nous surprendra pas de ce côté-là comptant le nombre limité de créatures différentes… et ne sont pas dotées d’une intelligence artificielle à leur faveur ! Dans la plupart des cas, les ennemis resteront figés au premier coup de feu, votre fusil n’a pas de portée limite et des munitions infinies ce qui facilite trop la progression et nous coupe l’herbe sous le pied en matière de potentiel défi.
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