Niffelheim est donc un énième jeu à connotation mythologie nordique. Décidément ces temps-ci, bon nombre de développeurs semblent incontestablement fascinés par cette mythologie. Nous l’avons vu avec God of War, Northgard, ou encore Eternity : The last Unicorn, qui n’est quant à lui pas des plus folichons. Mais la différence avec ces autres productions, c’est que Niffelheim adopte néanmoins un habillage graphique et un style de jeu différent. En effet, ce dernier se focalise beaucoup plus sur de la survie, avec quelques combats et événements en mode rogue-like. Malgré ces bonnes idées, nous verrons bien que le résultat du titre développé par Ellada Games reste peu concluant.
Survivre dans un Niffelheim hostile
Dans Niffelheim, tout commence lorsque votre héros tombe hélas au combat. Ce dernier voit son âme emprisonnée dans le monde de Niffelheim, où la survie y est plus que rude. C’est à partir de là que commence votre périple, qui sera de récupérer des fragments d’un portail, et ainsi retourner trouver la paix à Asgard. Concrètement, le scénario n’est jamais véritablement intéressant pour un sou car la narration est inexistante. Certes, il y a cependant quelques PNJ qui rôdent tantôt dans les parages mais le souci, c’est que leurs diverses quêtes ne consisteront en général qu’à rapporter tel ou tel objet à ces bougres, afin d’y récupérer un loot relativement intéressant ou non, voire de l’argent. Rien n’est à sauver sur la trame scénaristique, qui s’offre un end game des plus grotesques.
Pour le reste, sachez qu’avant de débuter votre partie, vous devez choisir le monde dans lequel évoluer entre la colline du vieil ours, la forêt de la louve cyclope, les contrées de l’aigle du désert ou encore les terres vagues du dragon de glace. Il faut savoir que ce ne seront qu’hélas les seuls endroits que vous pourrez véritablement visiter via la map du monde, ainsi que la ville du temple. Cet endroit vous donnera la possibilité entre autres d’y faire du crafting, de faire ressusciter un dragon pour réussir votre quête, ou bien aller faire un tour chez le marchand, vous offrant – moyennant des pièces d’or, des potions, essences de magie, et autres armes.
Niffelheim aurait pu être intéressant sur le papier avec ses nombreuses idées ambitieuses. Le souci, c’est qu’entre la narration inexistante et son aspect survie qui aurait demandé à être plus intéressant, la production d’Ellada Games n’arrive jamais à nous enthousiasmer dans ses mécaniques redondantes.
Côté contenu, cela reste convenable, surtout si l’on compte la mine et les oubliettes, où entre en scène en grande partie l’aspect rogue-like. Mais bref, nous y reviendrons un peu plus loin dans ce test. Après le choix du monde, vient le choix de la classe, ce qui est logique. Là encore, quatre classes s’offrent à vous à savoir le viking, la valkyrie, le berserker ainsi que le chaman. Si la maniabilité restera strictement la même à notre plus grand regret, les bougres auront en revanche des statistiques radicalement différentes entre la santé que l’on vous accordera, la durée de la satiété, ou bien encore votre résistance aux divers dommages que ce soit saignement, ou poison en l’occurrence. C’est vraiment à partir de ces aspect passifs que l’on peut voir plus ou moins la différence, mais on restera focalisé beaucoup trop sur le feeling des animations, très similaires d’une classe à l’autre.
Concernant d’ailleurs son côté survie, il reste des plus lambda en soi. On retrouve un cycle jour/nuit, et votre progression se compte en jour, jusqu’à ce que vous réussissez votre quête. Vous pouvez ramasser tout ce qui vous tombe sous la main entre divers légumes, pierres de construction, bois, viandes d’animaux que vous aurez au préalable chassés sur votre route, ou encore du minerai, que vous devrez logiquement miner dans les mines de votre royaume. Toutes ces ressources vous serviront entre autres à crafter des défenses pour votre château, des coffres pour y stocker toutes vos ressources durement acquises, mais aussi développer vos ateliers de forge, d’alchimie, de cuisine, et de scierie. Egalement, il faudra faire très régulièrement attention à votre jauge de satiété, en mangeant divers aliments minutieusement préparé via des cuisines un peu partout sur la map, ou directement via votre atelier, sinon vous mourrez.
Toute cette dimension survie est globalement plaisante et complète avec son système d’artisanat au premier abord, mais le tout devient vite lassant, pénible, et répétitif sur la longueur. Systématiquement, vous serez contraint de faire du farm à outrance, sans compter qu’il y a un sévère manque d’équilibrage sur certaines ressources à trouver, qui se font tantôt beaucoup trop rares. Par conséquent, cela vous bloquera significativement sur votre avancée. Nous voulons bien qu’il y ait ce côté aléatoire qui font que l’on ne trouve pas certaines ressources pour le craft, mais là il y a exagération. On regrette aussi qu’il n’y ait pas certaines indications pour trouver telles ou telles ressources, et il faudra prier pour que le marchand en ait en stock, qui lui est généré procéduralement chaque jour…
Des mécaniques de jeu inexploitées
On parlait justement de l’aspect survie classique et pas forcément des plus intéressants, mais sachez qu’il manque aussi quelques mécaniques de jeu qui auraient pu faciliter la vie au joueur. Pour commencer, sachez qu’il n’est absolument pas possible de crafter directement tel nombre d’objets, et nous devrons à chaque fois cliquer sur créer un bon nombre de fois, afin de crafter le nombre d’objets ou matériaux que nous désirons. De plus, sachez qu’il n’est pas non plus possible de réparer nos armes, dotées d’une durée de vie limitée. Du coup, vous serez forcément obligé d’aller créer de nouveau votre nouvelle pioche pour miner, une nouvelle hache pour couper du bois, ainsi que fabriquer de nouvelles armes ou armures pour vous défendre ou attaquer. En somme, Ellada Games semble avoir oublié d’opter pour un game design pratique, pour que le joueur ne se sente pas trop lassé en partie par ces petits détails, et c’est bien dommage.
Du côté des combats purs et durs dans Niffelheim, c’est aussi là ou le bât blesse. En soi les combats, dans son aspect tout en 2D, auraient pu être vachement prenants et fun, mais le tout est entachés par de nombreux soucis. D’ores et déjà, on remarquera que notre protagoniste, pour attaquer, sera parfois aimanté par les ennemis en appuyant sur la touche d’attaque, ce qui ne nous permet pas d’esquiver comme il faut leurs attaques. Se défendre au bouclier ne sert à rien également car vous vous faites quand même toucher. En clair, cela nous donne l’impression d’avoir un bouclier en papier. En sus, nous n’oublierons pas le feeling des combats non seulement brouillons, et au mouvements rigides, lourds, et surtout ultra mollassons au possible. Très honnêtement, on ne sait pas si Ellada Games a voulu rendre les combats plus ou moins réalistes mais le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est malheureusement raté.
Cependant, nous aurons le système d’habiletés qui viendra sauver les meubles. Il ne s’agit pas d’un arbre à compétences à proprement parler, car votre progression s’effectue de manière totalement passive. Pour faire simple, vos habiletés sont réparties en sept domaines d’artisanats entre guerrier, bûcheron, mineur, artisan, alchimiste, cuisinier et chasseur. Le niveau de chaque domaine n’augmentera qu’en réalisant les actions appropriées – tuer des animaux pour chasseur, tuer des démons et boss pour guerrier, miner de la roche pour mineur etc… – et cela vous donnera quelques bonus non-négligeables comme améliorer la durabilité de vos pioches, faire plus de dégâts, et j’en passe. Concrètement, le système fonctionne bien dans son ensemble, même si on aurait réellement aimé avoir un arbre de compétences pour pouvoir améliorer notre personnage… Surtout que le système d’habiletés reste le même d’une classe à l’autre, ce qui n’est pas folichon au final…
La production d’Ellada Games a beaucoup trop d’errances de gameplay pour le rendre vraiment captivant…
Un autre bon point vient se glisser aussi dans Niffelheim, qui sont les oubliettes et les mines. Le premier endroit est une sorte de donjons pratiquement sans fin, et généré procéduralement. Vous descendez d’étage en étage, et vous pourrez y trouver quelques PNJ vous donnant des quêtes toujours peu intéressantes, des coffres à ouvrir, des autels pour fabriquer des amulettes pour vous protéger, mais aussi des espèces de mini-boss. Ces derniers détiennent d’ailleurs en général des fragments de ce fameux portail qui une fois tous réunis, vous amènera enfin à Asgard après un ultime combat de boss. Quant aux mines, c’est un peu le même principe que les oubliettes, sauf que vous pourrez effectivement miner des ressources pour le crafting. Si l’idée des mines et oubliettes à génération procédurale est séduisante, on ne pourra pas s’empêcher de regretter qu’il y ait un manque de variantes sur ces celles-ci, ce qui amène rapidement à un sentiment de répétitivité. On sera également rapidement agacé par la map de ces donjons aléatoires, mal optimisés et assez peu claire.
Pour noircir un peu le tableau déjà peu glorieux de Niffelheim, il y a le système de diplomatie, dont on se demande encore ce qu’il fait là. En clair, une fois votre partie commencée, vous pouvez y ajouter des guerriers en provenance des autres clans cités plus haut dans le test gérés soit par l’I.A., soit par des joueurs si vous jouez en ligne. Si on aurait pu imaginer avoir une mécanique de diplomatie particulièrement poussée détrompez-vous, car jamais vous ne vous en servirez. Effectivement, il n’y a pas de système de commerce ou autre pour le rendre intéressant, et il ne s’agira en général que d’aller enquiquiner le bougre sur son territoire, le tuer, et surtout lui piquer tout son stuff. C’est là que s’arrête le système de diplomatie, qui aurait mérité bien mieux. Notez au passage que le mode multijoueur en coopération ou compétitif pouvait apporter un plus à Niffelheim, mais les serveurs sont déserts et ce, peu importe l’heure à laquelle vous jouez.
La difficulté est aussi compliquée dans Niffelheim. Le jeu ferait en effet presque penser à un Dark Souls dans nos différentes morts. Lorsque vous mourrez, vous réapparaissez sous forme d’âme, et vous devrez retrouver votre enveloppe charnelle pour continuer votre aventure. En guise de malus, votre santé diminue fortement, et la seule alternative pour retrouver toute votre jauge de santé ne sera que de boire une potion de régénération, trouvable auprès du marchand ou en passant par la case craft. Encore une fois, l’idée de base est bonne, mais amenée de manière maladroite, comme les événements aléatoires. Parfois, votre château peut se faire attaquer par une vague d’ennemis, ou les prêtres de la mort peuvent vous poser un ultimatum et détruire vos possessions, si vous ne leur donnez pas ce qu’ils veulent. Ces différents événements se produisent en général lorsque vous êtes au plus bas, ce qui renforce notre impression que le jeu veut vous mettre encore plus bas que terre, et ça n’aide clairement pas. Sans compter le fait qu’il n’y a pratiquement aucune indication sur réellement quoi faire dans le jeu, ce qui réduira l’intérêt des joueurs à rester sur le soft, dont sa durée de vie peut varier en fonction de combien de jours vous tiendrez, et accomplirez votre quête ultime vers Asgard.
L’interface globale du bébé d’Ellada Games est cependant pas vilaine, c’est un fait. L’inventaire reste pour le moins clair et pas trop mal rangé, et vous aurez vos différents slots pour y mettre vos armes, armures, nourritures, potions, et tout le tralala. Par contre, on pestera sur le fait qu’il faille systématiquement faire des allers-retours pour vider notre inventaire qui se remplit à vitesse grand v, et ainsi stocker le surplus dans des coffres de notre château. Hormis ce petit détail tout bonnement gavant et redondant, l’interface est aussi bien optimisée à la manette, qu’au combo clavier/souris.
On finit néanmoins avec le combo graphismes et bande-son. Pour le côté purement graphique, le style employé est particulier. Il est pour le coup difficile de le décrire concrètement, mais il nous offre des environnements dessinés à la main bien travaillés ayant le sens du détail, et nous plongent assez aisément dans cet univers nordique glacial et mature pas dénué de charmes. Dans sa globalité, le soft est plutôt fluide, mais se dote d’animations relativement rigides. Très beau travail des développeurs sur l’aspect artistique et technique en somme malgré quelques bugs, et la bande-son n’est pas en reste. Elle colle franchement bien à l’univers nordique, même si au final nous ne retiendrons qu’une seule musique en particulier. De plus, on pourra être déçu de voir que les seuls doublages du jeu résident dans la cinématique d’introduction… Au moins, la traduction française reste décente.
Cet article peut contenir des liens affiliés