Test Neoverse – Un rogue-like deckbuilding peu original mais profond et complet
Par Jordan
L’avis des lecteurs
Partagez votre avis (0)Depuis le succès de Slay The Spire, les rogue-like façon deckbuilding ont la côte, et envahissent même le marché. Difficile de tirer son épingle du jeu dans ce contexte ultra-concurrentiel, ou chaque jeu semble ressembler à un autre. Neoverse tente toutefois d’interpeller en proposant un univers étrange, avec de l’action en 3D, ce qui est relativement rare pour le genre. Est-ce assez pour échapper au sentiment de redite ?
Conditions de test : Nous avons joué à la version Switch du jeu, sortie récemment. La majeure partie de notre temps de jeu a été effectué en mode portable, pendant environ 12 heures de jeu.
Un melting-pot visuel sans interêt
De prime abord, Neoverse ne part pas sur des bases très saines. Le titre nous plonge directement au cœur de l’action, sans prendre la peine de nous faire prendre connaissance du lore du jeu, qui est plus ou moins inexistant. Il faut dire que le jeu ne s’embarrasse pas d’une quelconque cohérence et nous propose un mélange d’univers relativement insipide, allant du médiéval fantastique à la science-fiction. On a alors le droit à des décors sans saveur, qui ne sont pas assez nombreux pour nous permettre d’apprécier cette direction artistique.
Les trois ambiances différentes sont alors représentées par les trois héroïnes, dont le look interpellera forcément. On est clairement dans du fan-service assumé ici, avec des archétypes de personnages qui plairont aux amateurs de waifus, ce qui rebutera également certains joueurs. Ces héroïnes auront même accès à différents costumes en remplissant certains défis, avec des skins faisaient parfois références à d’autres œuvres (comme Star Wars), ou versant dans une sexualisation très dispensable façon Dead or Alive avec les habituels maillots de bain.
Des systèmes de jeu complets
Mais on n’est pas là pour se rincer l’oeil, n’est-ce pas ? Le grand intérêt du jeu repose avant tout dans son gameplay, qui reprend les bases de n’importe quel deckbuilding. Dit comme cela, il n’y a rien de très flatteur, mais Neoverse fait les choses bien, tout en trouvant sa propre identité en route.
Les combats prennent donc la forme de tour par tour, avec un certain nombre de mouvements autorisé par tour, ce que l’on peut considérer comme de l’énergie ou de la mana si vous préférez. Chaque carte dispose de son coût en énergie, et l’on retrouve plusieurs formes de cartes, comme des consommables (qui ne pourront être utilisées qu’une seule fois par combat) ou les permanentes qui reviendront lorsque votre main sera vide.
Parmi ces cartes, il existe plusieurs types qui sont représentés par des couleurs, à savoir rouge, bleu, jeune et violet. Le rouge représente les cartes offensives, le bleu les cartes défensives, le jaune les cartes avec des effets de longue durée, et le violet les effets temporaires (voir du soin ou d’autres spécificités propres à chaque personnage). Ces couleurs ont une importance, car Neoverse introduit un système de combo qui est essentiel à maitriser pour s’en sortir.
En résumé, le jeu vous indique une suite de couleurs à côté de votre main qui forme un combo à réaliser. Si vous suivez ce combo sans fautes, vous obtiendrez un bonus non-négligeable sur votre prochaine attaque ainsi que quelques effets bénéfiques en plus. Ce système se révèle vite indispensable, et permet d’instaurer une certaine forme de stratégie, en nous poussant parfois à utiliser des cartes dans le bon ordre pour profiter du combo par la suite.
Une profusion de cartes à découvrir
Ce mécanisme nous pousse aussi à réfléchir à la construction de notre deck, qui s’étoffe de combat en combat dans le mode classique. A la manière d’un Slay The Spire, vous pourrez choisir une carte en plus à chaque fin de combat, afin de diversifier votre deck.
Le nombre de cartes disponibles en jeu est d’ailleurs suffisamment conséquent pour qu’on en face pas le tour trop vite, surtout que chaque personnage dispose de deux archétypes de decks, en plus d’un deck hybride.
Naya, qui verse dans la science-fiction, pourra ainsi choisir entre un deck plutôt orienté sur les dégâts à l’arme à feu, qui augmente la mécanique de Surchauffe, ou opter pour un deck basé sur la Radioactivité, qui fonctionne comme du poison. Claire, une paladin, pourra quant elle opter pour un deck de soins ou un deck vampirique, voire un mélange des deux.
On ne rentrera pas dans tous les détails des différentes mécaniques de chaque personnages, mais sachez que les différences entre les héroïnes permettent vraiment de trouver à chacun son propre style de jeu.
On pourrait aussi parler du système de précision, avec des dégâts à bien calculer pour bloquer les mouvements adverses ou pour gagner plus de récompenses à la mort d’un ennemi, mais aussi des objets cosmétiques qui ajoutent divers effets lors des combats. Tout cela pour dire que le jeu ne manque pas d’arguments lorsqu’il s’agit de proposer un gameplay complet.
Des mécaniques relativement souples
Toutes ces choses apportent une vraie profondeur aux combats, avec des éléments bien pensés à tous les niveaux. On retrouve par exemple des quêtes au fur et à mesure de notre progression, avec des objectifs variés à effectuer en combat et des récompenses à la clé. Choisir entre ces différentes quêtes est crucial pour avancer sans trop de soucis, d’autant plus que certains combats ne sont pas aisés.
Pour autant, même si Neoverse ne nous prend pas par la main, il reste l’un des rogue-lite les plus abordables et les plus équilibrés dans sa difficulté, puisqu’il nous propose de recommencer à zéro les combats afin de retenter notre chance en cas d’échec (un certain nombre de fois seulement).
Cela étant dit, le jeu propose un challenge agréable, qui nécessite de bien penser son deck et de veiller à la mécanique de combo pour survivre. C’est d’autant plus vrai dans les différents modes de jeu, qui viennent varier les plaisirs. L’Univers Transcendé permet notamment de combattre plus d’ennemis lors des combats, avec des cartes modifiées et un magasin qui viendra alimenter notre deck au fur et à mesure.
Car contrairement à Slay The Spire, le joueur a accès au magasin n’importe quand dans la partie, afin de s’approvisionner en cartes et en objets. En plus de cela, il peut aussi augmenter les capacités de son personnage via un arbre de talent qui se réinitialise à chaque partie. Là encore, il faut veiller à acheter des compétences selon un certain ordre afin de remplir un tableau façon Puissance 4, histoire de débloquer une compétence très puissante en bout de ligne. C’est simple, mais c’est diablement efficace, et cela ne fait que rajouter de la profondeur à chaque partie.
Difficile de s’y repérer
Cela participe néanmoins au surplus d’informations, le gros point noir du jeu, d’autant plus qu’aucun « vrai » tutoriel ne vient nous expliquer quoique ce soit. Neoverse nous bombarde littéralement d’effets en tous genres, avec des icônes qui surchargent l’écran. On y voit parfois difficilement quelques chose, surtout sur Switch, où la maniabilité manette montre que le jeu a surtout été pensé pour le clavier-souris. Naviguer entre les menus à la manette n’a rien d’agréable, alors tenter cliquer sur une icone d’effet sur un personnage relève de la grande aventure.
C’est le même constat pour les textes, bien trop petits pour la version portable de la Switch. Heureusement, le jeu est traduit en français, mais cette traduction est encore loin d’être parfaite à cause de textes manquants sur certaines cartes. Cela ne représente bien entendu pas la majorité de la traduction, et le jeu est parfaitement jouable comme tel.
Tout cela combiné participe à la charge visuelle épuisante du jeu, surtout lors de longue session. Il faut dire qu’un run complet peut parfois durer une heure, ce qui n’est pas rien. C’est là que le portage Switch prend tout son intérêt, avec la possibilité d’enchainer rapidement 2 ou 3 combats de temps en temps, à condition d’avoir une bonne vue pour s’y retrouver dans ce capharnaüm.
On aurait aimé que le jeu soit plus lisible pour mieux apprécier le dynamisme des combats, avec des effets 3D convaincants et qui donnent du rythme aux batailles. Tour par tour oblige, le tout reste tout de même assez statique, mais les coups ont de l’impact, les effets sont jolis, et le tout tourne sans aucun problème majeur de ralentissement.
Neoverse s’en dort plutôt bien côté technique donc, mais pêche lorsqu’il de nous en mettre plein les oreilles. On l’a dit, les parties peuvent parfois durer une heure, ce qui est un problème quand les musiques ne cessent de se répéter encore et encore. Sachant qu’elles ne sont déjà pas marquantes à la première écoute, on finit vite par couper le son afin de se concentrer sur ce que Neoverse fait le mieux.











Neoverse est à n’en pas douter l’un des ersatz les plus intéressants de Slay the Spire, et l’un des deckbuilders les plus réussis de ces derniers mois. Le titre propose un gameplay très complet, avec des mécaniques à maitriser pour progresser, et de nombreuses possibilités de construction de decks qui font varier les plaisirs. Il ne pèche finalement que par son aspect visuel, car même si la technique est au rendez-vous, le mélange d’univers ne fonctionne pas réellement et le manque de lore n’aide en rien à apprécier ce pot-pourri d’influences. Le titre est aussi très chargé visuellement, ce qui n’arrange rien. On le retiendra donc essentiellement pour sa grande générosité, avec un contenu plaisant et intéressant, qui nous fera passer de nombreuses heures sur le jeu.
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- Xbox One
Ce test a été réalisé à partir d'une version éditeur